Les entreprises doivent se mettre au « hacking »

 » Il est révolu le temps où l’identification par un chasseur de têtes d’un profil compétent en informatique se résumait à la présence du candidat envisagé dans l’annuaire des anciens de Télécom ParisTech. Un des chantiers qui conditionne aujourd’hui la pérennité des entreprises est certainement celui de la cybersécurité. Pas une semaine ne passe sans que soit révélée la pénétration du système d’information d’un groupe industriel ou la publication de fichiers sensibles d’une administration gouvernementale (…)

Ici, le diplôme ne constitue pas nécessairement l’indication d’une véritable aptitude à appréhender les problématiques de l’attaque informatique. Seul le hackeur détient cette faculté de décortiquer un système au point d’en repérer les failles et les faiblesses. Une disposition de l’esprit qui mêle débrouillardise, inventivité et créativité à un bagage technique souvent acquis de manière très empirique. Le suivi d’un enseignement académique figé n’est souvent pas le cadre d’épanouissement idéal pour ces talents aux capacités créatives bien spécifiques (…)

De telles dispositions ne sont pas distinguées par un diplôme et pourtant elles sont indispensables pour anticiper les formes multiples d’attaques informatiques. Et donc préparer au mieux les organisations à limiter les effets d’une intrusion malintentionnée. Ce savoir-faire ne peut être identifié par les voies traditionnelles du recrutement. Il suppose en effet de faire appel à d’autres moyens d’évaluation de ces compétences hors norme (…)

Il convient donc d’organiser sans tarder des filières de formation qui intègrent ces profils atypiques, afin de doter les entreprises et les administrations françaises de ressources adaptées à la menace cybernétique. Le « hacking » ne doit pas être considéré comme une forme de piratage mais bien comme une capacité d’autonomie de la connaissance pour ne pas être cantonné au seul rôle de consommateur d’un outil technique.

Toutes les organisations (firmes commerciales, état-major ou administrations…) ont besoin de compter en leur sein ces tempéraments qui décortiquent l’appareillage technique qui irrigue désormais les systèmes d’information omniprésents dans nos infrastructures. C’est également de leur savoir-faire que naîtront les innovations technologiques de rupture. Précisément car ils (ou elles) ne se contentent pas d’être des utilisateurs, mais sont bien à leur manière des créateurs (…)

source > lesechos.fr, Nicolas Arpagian, 21 août 2013

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