Open Access : du rêve au cauchemar

Ce matin, la revue Science a publié une petite bombe qui va exploser dans de très nombreux laboratoires de recherche.

L’un de ses journalistes, John Bohannon a concocté un faux article de recherche pharmacologique, signé d’un chercheur baptisé Ocorrafoo Cobange, d’un laboratoire du Wassee Institute of Medicine, censé se trouver à Asmara, la capitale de l’Erythrée. Il est vrai que la ville d’Asmara existe. En revanche, ni l’institut, ni le chercheur n’existent. L’article comportait des erreurs d’un niveau détectable par un étudiant de biologie, et de nombreux «chiffons rouges», relate Bohannon, comme une claire incompatibilité entre la première légende de graphique proclamant la découverte d’un effet anti-cancer de la molécule testée… alors que le tableau de données montre clairement l’inverse.

Pourtant, le Journal of Natural Pharmaceuticals a accepté de publier cet étrange article. Une revue indexée sur plusieurs bases de journaux scientifiques dont… google scholar. Et surtout,  157 des 304 revues contactées ont accepté la publication d’une version quasi identique de l’article original, avec des noms et des institutions scientifiques tout aussi fausses, générées par un programme informatique. En moyenne, il a fallu 40 jours pour être accepté et 24 pour les 98 rejets. Avec une mention spéciale pour les 16 revues qui l’ont accepté malgré la recommandation d’un reviewer de le rejeter.(…) »

En savoir plus :

L’interview de Jean-Claude Guédon, Université de Montréal, sur ce sujet.

Jeffrey Beall a même découvert que 4 des revues ont carrément publié l’article alors que le journaliste de Science leur avait envoyé un mail de retractation.

L’article de Science est ici. J. Bohannon, « Who’s Afraid of Peer Review? » Science 342, 60-65 (2013).

source > Blog Libération, Sylvestre Huet , 4 octobre 2013

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