Le babil de Babel

« Nous y sommes donc enfin. A l’ère de la traduction automatique instantanée, « à la volée » (…)

La voix, la parole, la conversation, sont les seules modalités d’un rendu public sans publication. Le rythme de la parole, dans sa dimension conversationnelle, est a-publiable (« a » privatif). Or nous voyons aujourd’hui se substituer à ce rythme a-publiable, des algorithmes de publication et de republication de la parole. Bien plus que de simples (mais essentielles) questions de surveillance – le possible permanent rappel (recall) de la moindre bribe conversationnelle -, cette substitution pose la question du rapport que nous serons demain capables d’entretenir avec l’instantané, avec le non-technologiquement médié, avec le non-algorithmiquement calculable, avec le non-calculé (…)

Ces « bots » qui sont aujourd’hui journalistes, encyclopédistes, secrétaires de rédaction, qui représentent plus de 8% des twittos, qui dans 15 ans seront plus nombreux que nous (les humains) dans une proportion de 1 pour 1 000 000, ces robots qui représentent déjà 31% du trafic total sur le web, quelle langue parleront-ils ? (…)

La technologie, les technologies de traduction instantanée n’abolissent pas les frontières linguistiques. Elles en créent d’autres. D’autres frontières aux douaniers de 0 et de 1, aux barrières de bits (…) »

source > affordance, Olivier Ertzscheid, 15 janvier 2015

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