Qu’est-ce que la lecture sociale ?

« L’expression « lecture sociale » ne serait-elle pas un abus de langage ? Les pratiques de lecture et de recommandation ont-elles réellement changé avec le numérique et les réseaux sociaux de lecteurs ?

Hier « lecture 2.0 », aujourd’hui « lecture sociale » (et ses variantes : « livre 2.0 », « livre social », etc.) : la « lecture sociale » semble suivre les évolutions sémantiques du « web 2.0 », devenu « web social ». Trop chargées idéologiquement, trop flottantes, ces expressions doivent néanmoins être prises au sérieux. Elles sont en effet au croisement de mondes sociaux (monde des institutions, monde des entreprises, etc.) qui parviennent à se réunir et à se comprendre, malgré les différences qu’ils attachent aux significations de ces expressions. Si le chercheur doit se montrer critique face à leur mobilisation, qui peut être le signe d’une pénétration de discours d’accompagnement, il peut aussi y trouver un ressort méthodologique. C’est ainsi moins à la définition de ces expressions que l’on s’attachera qu’aux discours qui les légitiment, qu’aux lieux où ils s’épanouissent et aux acteurs qui les crédibilisent. Comment croire, en effet, que toute lecture ne serait pas éminemment sociale ? Même dans la solitude d’une chambre, une pratique de lecture implique des savoir-faire acquis au sein d’une communauté, que réactive l’acte de lecture et qu’il convoque donc implicitement. Comment comprendre, par conséquent, l’insistance de l’adjectif « social » ? (…) »

source > inaglobal.fr, Marc JAHJAH, 23 juillet 2014

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